Le Magazine de l’Association des Alumni HEC Lausanne

26.06.2024
Dossier spécial

«Pioneers Since 1861 or 1911?»

L’équipe éditoriale du projet « Pioneers Since 1911 » vous propose de faire un point de situation depuis le lancement du projet. À cette date, l’équipe était au complet, l’idée était claire et il ne manquait « plus qu’à ». C’est à l’étape décisive de la visite des archives qu’émergent les premiers questionnements qui viendront secouer nos hypothèses de bases. En effet, comment un document daté de 1861 peut-il être lié à la création de la Faculté des HEC en 1911, soit 50 ans plus tard ? Cette seule question, qui en engrange bon nombre d’autres, pourrait-elle remettre en question l’identité même de la Faculté ? Et oui, n’oublions pas que chaque immersion dans le passé nous force à définir ou redéfinir l’identité même du sujet, une tâche laborieuse qu’il ne faudrait surtout pas prendre à la légère. Nos réflexions et conclusions en détails :

Tout commence avec la découverte de l’essai « Théorie Critique de l’Impôt » de Léon Walras, économiste à qui il est attribué le surnom de « père fondateur » de la Faculté des HEC. À première vue, le document rempli parfaitement le critère recherché. En effet, il cristallise les réflexions de l’époque autour de la fiscalité publique et plus particulièrement dans l’intégration de concepts mathématiques afin d’expliquer les différents phénomènes économiques et leurs conséquences. L’appointement de Léon Walras à la chaire de droit au sein de la Faculté des Sciences Sociales et Politiques (SSP) de l’Académie de Lausanne lui permet de développer cette matière et la transforme peu à peu en véritable science.

Le seul bémol, c’est qu’outre le fait que ce document est paru en 1861, soit 50 ans avant la création de la Faculté des HEC, mais qu’en plus le Professeur Walras n’a jamais, durant toute sa carrière, été associé à la création de ladite faculté. En effet, sa seule appartenance reconnue est à la Faculté des SSP. C’est après sa mort et sous l’égide de son successeur le Professeur Wilfredo Pareto que la Faculté voit le jour. Mais alors comment concilier le fait que Walras est le père fondateur d’une faculté qu’il n’a jamais connu de son vivant ? Face à cette constatation, nous étions contraints de nous pencher plus encore dans le passé et dans la genèse de la Faculté des HEC afin de mieux comprendre les liens entre ces différents acteurs dans la période 1860-1911.

Pour mieux comprendre cette période, nous nous sommes tournés vers le Centre Walras-Pareto (CWP), qui est sous l’égide de la Faculté des SSP… Encore un détail qui ne colle pas avec le narratif établi. C’est lors d’une discussion avec le Professeur Baranzini, professeur associé au sein du CWP, que nous réalisons que cette période tumultueuse de l’histoire de l’Académie de Lausanne, plus tard l’Université de Lausanne, en a valu un chapitre dans l’ouvrage « Récits Facultaires », un livre qui recueille la genèse et l’évolution de la faculté des SSP à nos jours.

La discussion interne qui en suit nous mène à conclure que seule une recherche historique approfondie sur cette période nous permettra de mieux comprendre dans quelles conditions la Faculté des HEC est venue à être fondée en 1911. Un projet d’une telle envergure impliquerait forcément de longues semaines de recherche dans les archives et une compréhension particulièrement affutée du sujet. Ne s’écarte-on pas trop des prémisses que nous nous sommes imposés, ou sommes-nous là devant une opportunité inouïe qui nous appelle à elle ? L’opportunité encore inexplorée de redécouvrir ce qui a été oublié sur la Faculté des HEC et de donner sa place à l’histoire afin qu’elle contribue à l’identité de ceux qui ont été marqués par leur apprentissage sur ces bancs.

 

C’est empli de ces questions que nous entamons désormais la période estivale.

Celle-ci nous donnera l’opportunité de rencontrer d’autres experts et de mieux cerner la suite du projet.

Ensemble avec nos partenaires d’HEConomist et d’Innovation Time, nous nous efforcerons d’apporter à nos lecteurs un contenu plus riche qui saura contribuer au futur de la Faculté des HEC.

Et pour le passé, redécouvrir l’effervescence universitaire de la fin du 19°siècle et du début du 20e siècle à Lausanne avec l’émergence des idées socialistes et les discussions enflammées entre les protagonistes tels que Léon Walras, Pierre-Joseph Proudhon sur la propriété du sol, l’impôt, la loi du libre-échange ou le modèle de l’équilibre général.

 

Affaire à suivre…