13.05.2025
Dossier spécial > Léon Walras - HEC - L'imposition
Le rôle de l'imposition au présent: interview de Monsieur De Bénédictis
Dans le cadre du Projet Pioneers since 1911 sur l'imposition qui a commencé avec une plongée dans les archives et la (re)découverte de l'héritage de Léon Walras, voici le deuxième volet de ce dossier spécial qui se concentre sur l'imposition au présent.
Découvrez l'interview filmée de Jerôme de Bénédictis (HEC'12), Député au Grand Conseil Vaudois, Syndic d’Echandens
En quelques lignes, un résumé de l'interview:
Une fiscalité au service de la classe moyenne : entretien avec Jérôme de Benedictis
Dans un contexte où les classes moyennes expriment de plus en plus leur malaise face à la pression fiscale, Jérôme de Benedictis, élu local, prend position dans cet entretien pour une réforme profonde du système. Son objectif : une fiscalité plus lisible, plus juste et plus adaptée aux réalités sociales et économiques contemporaines.
Repenser la logique fiscale : partir des besoins, pas des recettes
Contrairement à l’approche classique qui consiste à définir un montant d’impôts puis à affecter les dépenses, Jérôme de Benedictis propose une inversion du raisonnement : « Qu’est-ce qu’on veut financer comme prestations publiques, et comment y parvenir à travers l’impôt ? ». Cette approche pragmatique place les besoins collectifs au centre de la décision fiscale.
Une réforme des barèmes pour soulager la classe moyenne
L’une de ses propositions phares : une baisse de 20% de la charge fiscale pour les classes moyennes. Une réforme qui ne viserait pas à diminuer la recette fiscale totale, mais à en répartir le poids différemment.
De Benedictis critique le système actuel, trop complexe, qui passe par une succession de filtres : déductions, rabais, coefficients communaux, barèmes progressifs. Il défend un impôt plus lisible, avec une courbe moins abrupte pour les revenus moyens, tout en préservant la progressivité.
Un plaidoyer pour la lisibilité et l’efficacité
Pour le jeune élu, la lisibilité de l’impôt est essentielle à sa légitimité. Il appelle à une transparence accrue sur les barèmes et sur les dépenses publiques. La complexité actuelle affaiblit le lien entre citoyen et fiscalité, entre contribution et services reçus.
Commune ou canton : qui doit lever et gérer l’impôt ?
De Benedictis adopte une approche pragmatique. Il ne cherche pas à transférer le pouvoir fiscal d’une entité à une autre, mais à identifier quel échelon est le plus compétent pour chaque prestation. La protection civile ou le social, par exemple, sont mieux gérés au niveau cantonal. D’autres domaines, comme le sport ou la mobilité douce, relèvent plus logiquement de la commune.
Fiscalité et environnement : un outil d’incitation, pas de contrainte
Sur l’aspect écologique, il rejette l’idée d’une fiscalité punitive. Selon lui, l’impôt peut jouer un rôle en soutenant les comportements vertueux, notamment via des allégements pour les rénovations énergétiques ou les installations solaires. Il met en garde contre les effets pervers de certaines surtaxes qui touchent les plus modestes sans effet réel sur le climat.
Anticiper les bouleversements liés à l’IA et aux cryptomonnaies
L’interview aborde également les mutations technologiques. De Benedictis reconnaît l’incertitude qui plane sur l’impact de l’intelligence artificielle sur le travail et donc sur la base imposable. Il appelle à réfléchir dès aujourd’hui à des modèles alternatifs, qui pourraient inclure une fiscalité sur la productivité générée par les machines.
Sur les cryptomonnaies, il souligne le retard des autorités fiscales, la difficulté à tracer les actifs, et la nécessité d’une coopération internationale pour lutter contre la fraude et l’optimisation excessive.
Une vision citoyenne de la fiscalité
Au fond, Jérôme de Benedictis propose une vision de la fiscalité comme outil d’adhésion sociale. Loin d’être une charge punitive, l’impôt est pour lui un acte politique, un contrat entre l’individu et la collectivité. Ce contrat doit être clair, lisible, et justifiable.
Son plaidoyer pour une fiscalité centrée sur la classe moyenne, combinant équité, transparence et adaptabilité, fait écho à une demande croissante de justice fiscale dans nos sociétés en mutation.
Biographie de Monsieur De Benedictis
Jérôme de Benedictis est un économiste et politicien suisse du canton de Vaud, actif au niveau communal et cantonal. En 2018, il est devenu le plus jeune syndic du canton, à la tête de la commune d'Echandens. Il est actuellement président du groupe vert'libéral au Parlement cantonal vaudois et siège à la Commission des finances. Fervent défenseur d'une fiscalité équitable, il s'engage également en faveur de la coopération régionale et des initiatives écologiques, dont l'ambitieux plan Horizon 2026. Profondément ancré dans sa commune, il allie engagement civique, passion du sport et proximité avec les citoyens.